Un nouveau départ pour Gabryel

Lorsque Gabryel sortit de la voiture qui l'avait amenée jusqu'au manoir, elle se sentit bien vite envahie par une sensation grisante de nouveauté. Certes, elle était un peu triste de quitter ses parents, dont elle ne s'était vraiment éloignée depuis qu'elle les avait rencontrés, cependant elle était aussi ravie d'entrer dans cette nouvelle et prestigieuse école. Elle ne doutait pas un instant que l'enseignement de cet endroit lui profitable, en particulier pour apprendre à maîtriser ce dangereux pouvoir qu'elle soupçonnait en elle.

C'est le majordome lié à Gabryel qui vint lui ouvrir la porte de la voiture. Malheureusement, son père n'avait pas pu l'amener lui-même, mais comme elle appréciait beaucoup son serviteur, elle s'en était consolée. En effet, cet homme faisait auprès d'elle office d'homme à tout faire: Majordome, certes, mais aussi précepteur, médecin personnel... Et d'ailleurs, au vu de l'inquiétude qui se lisait sur le visage de celui-ci, il n'était pas très serein de voir sa petite protégée s'éloigner.

Il sortit sa valise du coffre lui-même, manifestement décidé à jouer son rôle jusqu'au bout. Il la déposa juste à côté de Gabryel, qui lui adressa en retour un joli sourire.

-Je vous remercie, Jacob. Mais ne vous en faites pas pour moi, tout ira très bien. Je serai prudente.

-Je n'en doute pas Miss Chen, mais je préférerai pouvoir m'en assurer moi-même.

Gabryel lui sourit à nouveau. Après tout Jacob était presque un membre de sa famille à ses yeux. Du moins, autant qu'elle-même pouvait l'être.
Les adieux restèrent solennels. Le majordome salua la jeune fille avec respect, avant de remonter dans la voiture et de s'éloigner, la laissant seule devant la grille du Manoir Vaan.

La jeune chinoise avança en tirant sa valise, le nez en l'air pour ne pas perdre une miette du spectacle qui s'offrait à elle. L'endroit était assez grandiose, et ce malgré que Gabryel se soit habituée au faste qui rythmait désormais son existence. Le charme anglais de ce lieu était fascinant, et elle comprenait de plus en plus son père et son admiration pour cette civilisation.

Elle marcha un moment, avant d'arriver dans un grand hall, où elle savait devoir attendre qu'on vienne la chercher. Gabryel lâcha sa valise, cachant ses mains dans les longues manches de sa robe. Pour faire plaisir à ses parents, elle s'était vêtue d'une de ses plus jolies robes, et avait même ornés ses cheveux d'un ornement floral. On dirait une figure presque sortie d'un autre siècle. Mais un siècle manifestement pas dépourvu de raffinement.

Mais malgré cette immobilité, de nombreuses questions se bousculaient dans la tête de la jeune fille: Qu'allait-elle apprendre ici? Se ferait-elle des amis? Quels étaient les mystères dont le Manoir Vaan était dit regorger? Autant d'interrogations dont elle avait hâte de connaître la réponse. En franchissant la grille du Manoir, elle avait vraiment eu l'impression de franchir une nouvelle étape dans sa vie.

Plongée dans ses pensées, la jeune fille ne regarda pas les minutes passer, et n'eut donc pas le temps de s'interroger sur le fait que personne n'était encore arrivé pour la conduire dans ce qui semblerait être son nouveau chez elle.

Alors que Gabryel restait plongée dans ses pensées, commençant cette fois-ci à vraiment trouver le temps long, elle vit une silhouette entrer à son tour dans le hall désert. Un homme, grand, vêtu d'une élégante livrée de majordome, qui semblait soliloquer à loisir. Sans savoir s'il était la personne qu'elle attendait, ni même s'il l'avait vue, elle garda le silence, alors que l'inconnu s'apprêtait à quitter les lieux.

Gabryel hésita à l'interpeller pour avoir plus d'informations sur la personne qu'elle devrait attendre, mais à cet instant précis qu'elle le vit se retourner pour la dévisager. Elle eut un petit sourire gêné, consciente de ne plus rien comprendre à la situation.

Mais elle retint un petit soupir de soulagement quand elle le vit s'approcher d'elle Gabryel commençait à en avoir assez d'attendre, après tout elle venait de pousser la porte d'un monde nouveau, si dès le début elle était livrée à elle-même comment pourrait-elle y comprendre quoi que ce soit?

L'inconnu en livrée lui fit une petite courbette, à laquelle la jeune chinoise répondit par un sourire, avant de s'adresser à elle, et notamment de se présenter comme étant le Gardien des lieux. Avant de répondre, Gabryel inclina la tête en signe de respect, consciente de son statut d'étrangère à cet endroit.

-Bonjour Monsieur le Gardien. Je m'appelle Gabryel Chen, je suis la nouvelle élève. On m'avait dit d'attendre dans le hall qu'on vienne me chercher...Mais pour l'instant personne n'est venu, donc j'attends.

Elle accompagna ces dernières paroles d'un sourire et d'un léger haussement d'épaules, signe que rien de tout cela n'avait vraiment d'importance. Après tout, quelqu'un avait fini par se soucier de sa présence, non?

Consciente qu'elle n'allait pas prendre racine dans ce hall, Gabryel tira d'une main sur sa longue manche pour se libérer une main, qu'elle utilisa pour saisir la poignée de sa valise. En même temps, elle se demandait ce qui se passerait pas la suite. Lui ferait-on rencontrer quelqu'un de la direction, ou bien la conduirait-on simplement à ce qui allait devenir sa nouvelle chambre? Lui fournir un emploi du temps de ses cours peut-être? Bref, lui donner les rudiments de sa nouvelle existence au Manoir Vaan? La jeune femme était quelqu'un de profondément curieux de nature, et elle avait hâte de mieux comprendre cet endroit qui semblait regorger de mystères.

Et surtout, elle avait hâte qu'on lui apprenne à maîtriser cet étrange et dangereux pouvoir. Après tout, si elle créait des fractures ou des hémorragies à chaque fois qu'elle se mettait en colère...Elle risquait de faire beaucoup de dégâts autour d'elle. Or ce n'était pas du tout dans son caractère, et elle préférerait utiliser ce don pour guérir les gens, comme une sorte de chirurgien métaphorique. Ou alors, si elle devait apprendre à se défendre dans ce monde où, en tant que simple petite Humaine elle représenterait la faiblesse, apprendre à ce servir de ce pouvoir destructeur de manière plus...élégante, dirons nous.

La jeune femme était du genre discrète et polie. On peut dire que je n'ai pas le droit de la détester pour le moment … Même si je ne serai jamais à l'aise avec la gente féminine …
Bref … L'inconnue prend la parole avec un semblant d'impatience à peine détectable.


Je regarde ailleurs tout en me massant la nuque … Je deviens tout de suite que cette personne qui se devait de l’accueillir, c'était bien moi … De toutes les tâches qui me sont données, l'accueil est celle qui me dérange le plus. Cela ne m'étonnerait qu'à moitié d'avoir oublié mon devoir, même si mon ami me l'aurait rappelé ce matin …

En tout cas, les présentations sont faites, je n'ai plus qu'à la conduire au bureau de Judicaël. Je remarque que la jeune Gabryel empoigna sa valise. Une bonne chose ça ~ Je n'aurai pas à le faire ~


Me voilà coupé par les hurlements incessants de mon cher Patron … Il semblerait qu'il ait besoin de moi. On pouvait l'entendre débouler des longues marches tout en criant mon nom. La situation est … Indescriptible.
Le voilà à peine arrivé au Hall qui ne prend même pas le temps de s'arrêter pour m'expliquer en détail ce qu'il se passe.


Je n'ai même pas eu le temps de dire quoi que ce soit qu'il est déjà parti … Alors comme ça, il me plante là avec une nouvelle élève ?! C'est pas vrai … On dirait juste un mauvais rêve … De plus, j'imagine qu'il est parti avec Lydia, donc l'espoir de laisser deux femmes papoter ensemble s'envole très loin …

Que dois-je faire … Rester planté là ne marchera pas longtemps. Je soupire puis je tends la main vers Gabryel afin qu'elle me passe sa valise. Il semblerait qu'effectivement, elle soit attendue ici …
Je vais commencer par lui montrer une chambre, histoire que je pose toutes ses affaires. Ce sera quelque chose en moins dans mes pattes. Ensuite j'irai lui faire la visite complète du Manoir … En espérant que Judicaël reviendra assez vite, je n'ai réellement pas très envie de tenir compagnie à une fille, aussi gentille soit elle …

« Ah … Que serait le Manoir sans moi » pensais-je pour me donner un tant soit peu du courage.

A la suite de ces dernières paroles, Gabryel se rendit compte que le Gardien à qui elle s'adressait la fuyait du regard et se massait la nuque, geste très caractéristique de la gêne. Etait-il la personne censée venir plus tôt l'accueillir et qui l'avait oubliée? Au yeux de la jeune femme, et à cause de ce langage corporel affiché par l'inconnu, cela semblait évident. Cependant, il n'était pas question pour Gabryel de lui faire la remarque ou quoi que ce soit. Après tout, elle était la nouvelle venue, qui était-elle pour faire la leçon à quelqu'un qui travaillait ici?

C'est alors que le Gardien prit à nouveau la parole, l'invitant à le suivre. Sans doute allait-il la conduire dans le bureau du maître des lieux. D'après ce qu'elle avait compris,
c'était souvent par là que la découverte du Manoir commençait.

Cependant, le Gardien fut très vite interrompu par des éclats de voix. Surprise, la jeune chinoise leva les yeux dans la direction d'où provenaient les cris, se demandant ce qui pouvait bien créer tant d'agitation. C'est alors qu'elle vit apparaître un nouvel homme, grand et habillé avec autant d'élégance que le Gardien, bien qu'il ne soit pas vêtu d'une livrée de majordome.

Bien vite, elle comprit qu'il ne s'agissait pas là de n'importe qui, mais de Judicaël Vaan, directeur du Manoir. Celui-ci tint à s'excuser auprès d'elle, en effet il ne lui semblait pas possible de la recevoir dans l'immédiat. La jeune femme fut surprise par le terme de "Lady" qui lui fut attribué. S'adressait-il dans cette veine à tous les élèves, ou était-ce simplement à cause de son "ascendance" et de l'importance de la place occupée par son père? Il était certain que Gabryel n'aurait pas tout de suite la réponse à cette question, mais cela importait-il vraiment?

C'est alors que le directeur invectiva son Gardien, lui reprochant de ne pas s'être chargé lui-même de ses affaires. Dans la mesure où il avait parut normal à Gabryel de s'en charger, ses joues s'empourprèrent et elle tendit sa valise à l'inconnu, gênée de lui causer des soucis en face de ses supérieurs hiérarchiques.

Elle n'eut même pas le temps de s'adresser à son tour au Directeur que celui-ci avait disparut du Hall, sans doute appelé par des affaires plus urgentes que l'accueil d'une nouvelle élève.

Voilà qui signifiait que Gabryel devrait rester un moment encore en compagnie du Gardien. Gardien qui, de toute évidence, n'avait aucune envie de se trouver là et d'accomplir ce qu'il était en train de faire. Sans doute, en tant que Gardien avait-il un million de choses plus urgentes à faire au sein de ce manoir, ce serait donc difficile de le lui reprocher.

Essayant de relancer les choses qui s'étaient figées depuis l'intervention éclair du Directeur, la jeune femme fit quelques pas pour s'approcher de celui qui à présent lui tenait sa valise, lui adressa un petit sourire et lui dit gentiment:

-Bon...Alors je vous suis!

Autant ne pas rester plantés là, et débarrasser le Gardien de cette tâche, après tout.

C'est donc avec entrain que Gabryel suivit le Gardien au travers des couloirs du Manoir. Cependant, elle avait à peine le temps de regarder autour d'elle que l'inconnu l'entraînait plus loin, ne lui laissant aucunement le loisir d'admirer la beauté architecturale de l'endroit et son atmosphère si particulière. Sans doute le Gardien était-il pressé de se débarasser de cet accueil que le directeur lui avait collé sur le dos. Après tout, sans doute avait-il quantité d'autres choses beaucoup plus importantes pour le Manoir à faire que jouer les guides touristiques pour petite nouvelle paumée!

Elle ne fit donc aucune remarque, et laissa le Gardien ouvrir la marche. Ce dernier la conduisit très vite en direction de l'internat des filles, et après recherches ouvrit la porte d'une chambre inoccupée. Il entra pour y poser la valise, tandis que Gabryel restait à l'extérieur, attendant simplement qu'on l'invite à entrer à son tour. Après tout, elle n'était pas encore chez elle en ces lieux.

Le Gardien ne tarda pas à lui confirmer qu'il s'agissait bien de sa chambre, et elle prit donc la liberté d'entrer. Pour l'instant la pièce était peu meublée et pas du tout décorée, n'attendant qu'un locataire pour se parer à ses couleurs. Avec son imagination débordante, elle voyait déjà comment cette pièce serait une fois qu'elle s'y serait installée. Elle voyait ses robes dans la penderie, ses livres aux étagères, bref sa marque personnelle dans ce qui serait son petit refuge personnel. La jeune chinoise ressentait à cette véritable entrée dans sa nouvelle vie cet éternel mélange d'excitation et d'appréhension.

La jeune femme s'assit précautionneusement sur le lit, comme si ce n'était pas encore vraiment le sien et qu'elle se trouvait chez quelqu'un d'autre. Le sourire souvent accroché à ses lèvres par politesse s'était cette fois-ci fait plus lointain, plus rêveur. Gabryel n'avait qu'une hâte, s'attaquer aux mystères de cet endroit et ceux qui peuplaient sa propre vie, à commencer par ce don de Médecine qu'elle n'aurait de cesse de travailler jusqu'à le maîtriser, et être autant capable d'aider les gens que de se défendre de manière efficace.

Il y eut donc un instant de flottement pendant quelques secondes, secondes durant lesquelles Gabryel ne se trouva pas à proprement parler dans la pièce avec le Gardien. Cependant, elle était une jeune femme bien élevée et il n'était pas question de le laisser planté là, surtout quand il semblait occupé.

C'est alors que Gabryel se releva, et s'adressa en ces mots au Gardien, espérant ainsi le soulager d'un poids:

-Monsieur le Gardien, il m'a semblée que vous étiez très occupé, et puisque le Directeur ne peut pas me recevoir pour le moment, si vous préférez vous me ferez faire la visite une autre fois. Ainsi je ne prends pas trop sur votre précieux temps, qu'en dites-vous?

Gabryel n'était absolument pas ironique en disant cela et c'était bien visible. Elle avait bien compris que le Gardien avait autre chose à faire que de s'occuper d'elle, et elle pensait sincèrement lui rendre service en lui proposant cela.

\\\HRP: J'ai cru comprendre que tu étais débordée en ce moment. C'est pourquoi je te laisse cette porte de sortie inRP, libre à toi de la prendre ou non, et de clôre le RP pour que tu puisses te consacrer aux autres. Et si tu veux, on pourra faire la rencontre avec le Directeur une autre fois, quand tu seras plus disponible^^ Après ce n'est qu'une proposition bien sûr =)///

Manifestement, Gabryel avait touché juste en proposant au Gardien des lieux de le décharger de sa tâche en raison de l’absence du Directeur. Après tout, il était tout aussi évident que l’homme n’appréciait pas outre mesure son travail, ou du moins cette partie de son travail. La jeune femme ne le blâmait pas, bien au contraire elle comprenait qu’il pouvait être ennuyeux pour quelqu’un de faire cette éternelle visite du Manoir à tous les nouveaux arrivants. Et puis la chinoise était quelqu’un de plutôt conciliant, en général tout à fait prête à rendre service à son faible niveau.

C’est donc avec l’un de ses doux sourires dont elle avait le secret qu’elle écouta la réponse du Gardien qui allait tout à fait dans le sens qu’elle supposait. Et puis, il fallait malgré tout avouer que, quelque part, elle avait hâte de se retrouver seule, d’une part pour défaire ses bagages et investir son nouveau chez elle, d’autre part pour commencer à assimiler mentalement que cet endroit était son nouveau chez elle. Après tout, elle qui ne s’était pas toujours sentie comme en possession d’un véritable foyer, elle s’était attachée très vite et très profondément au domaine de ses parents, et même à leur maison à Londres, qui n’était au fond qu’un prolongement de ce domaine chinois.

-Et bien Monsieur le Gardien, ce fut un plaisir de faire votre connaissance, et j’attends ma prochaine rencontre avec le Directeur, et avec vous, puisque j’imagine qu’en tant que Gardien, vous êtes partout en ces lieux et que ce n’est pas la dernière fois que je vous croise.

Gabryel rit légèrement à cette réponse et se tourna vers sa valise, qu’elle commença à défaire lentement. Des livres furent visibles, et puis des cds, du thé, des affaires de cours en tout genre…bref, le résumé rapide, succinct et futile, de la vie d’une jeune fille de 18 ans. Du moins de la partie émergée de sa vie, celle à laquelle n’importe qui pouvait avoir accès au cours d’une simple conversation. Cependant, le reste n’avait pas forcément de support matériel, et se cachait beaucoup plus profondément dans son esprit.